Journal d'artiste : Page 5.  La bip de pancarte !

Journal d'artiste : Page 5. La bip de pancarte !

La bip de pancarte !

Un peu plus à gauche, un peu plus à droite, je place mon J et mon P rouge flamboyant de ma nouvelle enseigne. Une voix dans ma tête me dit : "Tabouère, arrête de capoter, les gens qui se mêlent de leurs affaires à 50 km/h ne verront pas la différence." J'applique tout de suite la colle qu'Alexandre de chez Unitotal... ouf, je viens de révéler mon âge. Unitotal, ça doit faire 14 fois qu'ils ont changé de bannière depuis, mais dans ma tête, c'est gravé au burin : UNITOTAL. Une autre fois, je vous parlerai de ma manie d'exagérer, 14 fois, pourquoi pas 100, une fois parti. J'imagine déjà les gens de la Mitis compter... Avouez-le, vous avez arrêté de lire pour trouver les noms des anciennes franchises.

Moi aussi, mon commerce a souvent changé de nom : quand j'ai acheté le commerce en 1996, c'était Station-service Lavoie inc. Je l'ai changé pour Dépanneur Shell Ste-Flavie, pour ensuite le changer à nouveau pour Dépanneur Pétro-Canada Ste-Flavie, changement de compagnie oblige. Si vous pensez que j'avais touché le fond en termes de goût pour trouver des noms pourris, vous me connaissez très mal. Attendez la suite !

Quand j'ai fermé la station-service pour en faire une boutique-galerie d'art, quel jeu de mots pensez-vous que j'ai fait ? La tentation était trop forte. "Art Station" est né ! Wow ! Moi qui voulais essayer d'oublier la vente d'essence ! Mission accomplie !

"C'est quoi le nom de ton commerce ?", je chuchotais, "Art Station". Vu le peu d'effort nécessaire pour prononcer le nom et juste pour tourner le couteau dans la plaie, l'interlocuteur me répétait toujours, “excusez-moi, je n'ai pas bien compris...” Parfois, j'avais envie de lui répondre : "j'ai une gonorrhée", juste pour être moins gêné et changer de sujet. À ce jour, je ne sais toujours pas pourquoi j'ai tant haïs ce nom.

Après quatre ans de gêne sans nom pour ce jeu de mots, et comme la vente de mes tableaux représentait la majeure partie de mes ventes, j'ai enfin décidé d'inclure mon nom sur l'enseigne au bord de la route. "Galerie Jean-Pierre Gagnon" est arrivé ce printemps 2005.

Ça aurait pu finir là...

Ben non, 5 ans plus tard, les astres se sont alignés, quelqu'un voulait acheter mon commerce et une place s'était créée au Centre d'Art Marcel Gagnon pour exposer. Je déménage donc mes tableaux à l'autre bout du village de Ste-Flavie. Surprise ! La vente de mon commerce a échoué. Mes toiles déjà déménagées, je décide de remplir l'ancien garage d'artisanat et de souvenirs. Juste un petit problème, le nom "Galerie Jean-Pierre Gagnon" pour une place qui n'a pas de tableau... Merde !

Youppi !! Un nouveau nom à trouver et je vous le jure, là, j'ai atteint un niveau stratosphérique de bêtise. Il est environ 23h00, je suis fatigué, épuisé, et ça fait déjà quelques mois que je remets le changement de nom au lendemain. Mais là, je n'ai pas le choix. Il me le faut pour le mois prochain, et le mois en question c'est dans une heure. Pas de stress, je suis maintenant un pro en changement de nom. Changer un nom sur Corporation Canada, c'est quand même facile, dommage qu'il ne fournisse pas le cerveau. Si je n'ai pas changé le nom avant, c'est en partie à cause de la paperasse, mais surtout parce que je n'ai aucune idée pour un nom. Pour dire vrai, j'en ai plein, mais j'ai décidé d'arrêter les jeux de mots. Tic-tac, tic-tac, l'heure tourne. Dans un élan de génie, j'écris "Boutique l'Artisan". Seulement deux mots ! Youhouuuu ! Gain de temps pour la création de l'enseigne !

Mauvaise nouvelle, le nom est refusé. Je ne me souviens pas de la phrase exacte, mais ça ressemblait à : "votre nom doit contenir un je-ne-sais-pas-quel-mot original." Tic-tac, tic-tac, le temps passe de plus en plus vite et sans trop réfléchir, encore une fois, j'ajoute "100% original" et j'appuie sur la touche "Entrée" d'un coup sec. En même temps, dans ma tête, je me dis : "Tiens mes bâtards, vous ne trouverez pas plus original que cela." Ma mission, ce n'était plus un nom à enregistrer, c'était devenu un combat à mort entre moi et le site du gouvernement. Quelques secondes plus tard, je savourais ma victoire, "Boutique l'Artisan 100% original" était née.

En même temps que mon cerveau se remet à fonctionner, j'aperçois du coin de l'œil ma conjointe assise dans le lit juste à côté de moi. Ses yeux ronds comme des trente sous, avec une expression faciale située entre l'incompréhension et le "je viens tu juste de vivre ça, moi ?". Ma victoire fut de courte durée. "Boutique l'Artisan 100% original", ça fait un méchant paquet de lettres à mettre sur une enseigne.

Rendu là, vous vous dites sûrement : "C'est fini." Ben non ! Re-surprise !

Environ cinq ans après mon déménagement, mon commerce n'est toujours pas vendu, et l'envie d'avoir un très grand atelier où je pourrais peindre toute l'année vient me hanter. Je redéménage donc dans mon ancien nouvel atelier.

"Boutique l'Artisan 100% original" pour vendre des tableaux, c'est assez moyen comme nom. Je change donc encore une fois le nom de mon commerce. Cette fois-ci, c'est "Atelier du peintre Jean-Pierre Gagnon". C'est dommage que je n'ai pas pensé à reprendre le nom "Galerie Jean-Pierre Gagnon", car j'avais déjà l'étampe

Aujourd'hui, j'ai changé le nom de ma page Facebook, "Atelier du peintre Jean-Pierre Gagnon", par "Jean-Pierre Gagnon, artiste". Et je vous le jure, ça ne se retrouvera pas jusqu'à mon enseigne.

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